La méthode Apili peut-elle sauver l’apprentissage de la lecture ?

Ma fille de 6 ans est en plein apprentissage de la lecture. Et cela n’est pas facile. Je ne m’attendais pas à autant de difficultés, ayant appris à lire à 4 ans à mon fils ainé (à sa demande, et avec une facilité désarmante). Après avoir utilisé les Alphas et Mico mon petit ours, que j’aime tant et pour qui je garde un avis très positif, ma puce n’avait toujours pas eu le vrai déclic ! Et à ce moment-là, je croise l’annonce de la sortie d’une nouvelle méthode… Apili. Pouvait-elle débloquer ma fille ?

Peu d’avis existent pour le moment sur cette nouvelle méthode. Je vais donc vous donner notre vécu, qui évidemment ne concerne qu’un enfant, avec son parcourt et son contexte propre. Mais j’espère que cet avis vous permettra de vous donner un peu de matière à réflexion. (Je vais tenter de ne pas répéter les informations que vous pouvez lire de vous même directement sur le site d’Apili, qui est déjà très complet)

Pour commencer, voici les éléments extrêmement positifs d’Apili, que je n’ai pas souvent trouvé dans les autres méthodes expérimentées :

  • Elle a été conçue par un orthophoniste. De par son métier, l’orthophoniste met le doigt avec beaucoup de précision sur les blocages courants des enfants. Par définition, il ne s’occupe pas des enfants qui comprennent tout tout de suite et sans difficulté, qui sautent au-dessus des obstacles sans même les regarder. Après quelques années d’exercices, je pense qu’un orthophoniste a saisi toute la complexité de l’être humain, comment on doit tenir compte à la fois des généralités et des cas particuliers. Donc, concrêtement, cette méthode fait rentrer dans la lecture avec logique, en abordant les lettres dans un ordre cohérent
  • (Si on compare avec les alphas, on retrouve quelques similitudes dans l’ordre d’apparition, ce qui est bien pratique quand on les a utilisé)
  • Elle est très bien adaptée pour l’école à la maison. En effet, tout comme un orthophoniste ne voit qu’un enfant à la fois, le parent se focalise sur son enfant pendant ce travail. Je serai horriblement mal placée pour parler sur son utilité en classe, par contre elle doit être géniale pour les parents au moment des devoirs. Enfin, j’imagine.
  • Son plus gros point fort est, à mon sens, sa volonté de faire de la lecture un plaisir. J’avoue que lorsque chaque minute de lecture est une torture pour son enfant, et que la patience est vraiment à bout (Imaginez mon désespoir quand après 6 mois de travail quotidien, ma fille hésite entre dire ba, bo ou be quand elle voit ba…), cela rejahit forcément sur ma posture. J’aime ma fille, j’aime l’enseigner, mais je commençais à me dire que j’étais probablement la pire maman du monde, à ne pas savoir comment aider à fille ou, pire, qu’elle y mettait vraiment de la mauvaise volonté… Bref, là, le BUT, c’est de s’amuser. On s’en moque du temps que chaque phrase prend. On doit en faire un moment agréable. On lâche prise sur la productivité. Une leçon n’est réussie que si on a fait sourire son gamin. On surjoue, on en rajoute, on laisse le temps de parler… Maintenant, ma fille n’a plus peur, et n’est plus découragée d’avance quand je sors le livre. ça change tout ! (Là aussi, si on compare avec les alphas, on voit une volonté identique de faire entrer en jeu des émotions positives. C’est très différent des méthodes à l’ancienne)
  • Pour autant, elle invite à faire confiance à son enfant, et à le laisser faire des efforts. C’est bête, mais après avoir vu ma fille pleurer de détresse, j’avais pris l’habitude de lui souffler les mots dès qu’elle les accrochait. Mais tout ce que cela a apporté, c’est une petite lectrice qui attend la réponse, ou qui essaie de deviner, et qui se dévalorise vu qu’elle a besoin de maman pour lire… J’avais tout faux ! Ici, le parent est invité à se taire, et à laisser l’enfant essayer jusqu’à y arriver tout seul. (Personnellement, j’ai dû me faire violence au début !) Concrètement, la progression est lente au début, et on est invité à ne passer à l’étape suivante que lorsque l’enfant est à l’aise.
  •  Un énorme plus, c’est le dessin des bouches qui symbolise l’articulation de chaque son. Ma fille avait tendance à confondre certains sons et à mal prononcer certains mots (rien de bien énorme, mais ceux qui ne la connaisse pas ont parfois un peu de mal à comprendre tout ce qu’elle dit). Nous prenons le temps, pour chaque son, de réfléchir à où se pose la langue, comment s’ouvre la bouche, à écouter les vibrations dans la gorge…   Ne minimisez pas ces dessins, j’ai vu dans les yeux de ma fille pétiller une nouvelle compréhension. Grâce aux alphas, elle ne confondait pas les b et les d ni les q et les p, etc. Mais là, elle a vraiment vu comment le son se produisait. (ça m’a d’ailleurs ramené à mes 6 ans et à mon année de correction par une adorable orthophoniste, qui dessinait de grandes bouches dans mon cahier…  j’adorai ces moments où je comprenais enfin ce qui n’allait pas chez moi !)
  • Le matériel du livre en lui-même, est parfait : pages épaisses et rigides, couleurs, tailles des lettres qui diminuent peu à peu, longueur des phrases progressives, couleurs des lettres et distinction des syllabes au début… Les images que vous verraient sur le site d’Apili sont bien représentatives de ce que vous aurez entre les mains. En tout cas, j’ai observé plein de détails qui montrent que tout dans la conception de cette méthode est réfléchie. C’est un bel objet, bien fonctionnel ! (Et à un prix beaucoup plus abordable que la méthode des alphas, qui vous demande d’investir dans tout un tas de matériel. Et le livre ne sent pas la cave, comme les vieux manuels tachés qu’on doit dégotter dans les brocantes !)

Vous l’aurez compris, chez nous, Apili a fait du bien. Beaucoup de bien. Maintenant, a-t’elle des défauts ?

Je dirai que cela dépend de vos objectifs en l’utilisant. Et des difficultés de votre enfant. Par exemple, elle ne donne aucune information sur l’écriture. Il est précisé dans l’introduction qu’il faut faire écrire chaque lettre au moment de sa découverte pour aider à mémoriser, mais il n’y a aucun matériel, aucune recommandation sur comment s’y prendre. Ce n’est pas vraiment une critique, puisque c’est une méthode de lecture, pas d’écriture. Mais pour le coup, des petits « trucs » d’orthophoniste m’aideraient bien pour venir à bout des lettres miroir, et autres surprises de ma puce !!

Pour les puristes, on regrettera l’absence de matériel de manipulation… Mais si on s’applique à faire la gestuelle des lettres, je pense que c’est déjà pas mal.

Les seules limites que je trouve à cette méthode est la mauvaise utilisation qu’on peut en faire : il faut vraiment se rappeler quotidiennement que le but est de faire prendre plaisir à lire. et il faut vraiment appliquer à la lettre les petites recommandations écrites en marge, qui ne seront ni développé ni répétée plus tard. Il y a donc tout un travail à faire sur notre posture d’adulte, sur nos sentiments et sur l’ambiance que nous créons. Comme toujours, d’ailleurs, quand on veut transmettre quelque chose. Et ça fait du bien de recevoir une petite piqûre de rappel via Apili !

PS : Pour ceux qui se poseraient la question… Oui, j’ai déjà envisagé d’emmener ma fille chez un vrai orthophoniste. Mais notre région est tellement sinistrée dans le domaine médical qu’il y a une liste d’attente d’un an pour passer un bilan, et nos orthophonistes ne traitent que les cas les plus graves… On m’a dit que ma fille n’avait pas assez de problème pour avoir une place. Alors je fais de mon mieux, je lis beaucoup de documentations et je me réjouie en me disant qu’au moins, avec l’école à la maison,elle a un suivi individuel de qualité et spécialement adapté. Ce n’est pas parfait, mais je lui donne mon meilleur!

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